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On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve [mini debrief]

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S’il y a bien quelque chose d’à peu près permanent en ce monde, c’est son impermanence. Non, non, ce n’est pas le sujet du bac de philo, mais bien une réflexion très terre à terre, issue du travail des neurones de cette semaine.

Nous changeons. Ce n’est ni un scoop, ni un secret. Nous naissons, grandissons, vieillissons. Nos cellules se renouvellent. Notre cerveau est si plastique qu’il s’adapte en permanence. Notre génome lui-même est impacté par nos conditions de vie.

Cette semaine, Pascale s’est intéressée à un article de Science & Vie paru en juin 2014, chroniqué ici : Quand les conditions de vie impactent le génome. Avec d’autres sources, également repérées par Pascale, cet article explique en substance que notre mode de vie, notre environnement ou notre niveau de stress affectait notre génome (oui, carrément !), et ce y compris chez le jeune enfant. Ces résultats sont passionnants, car savoir nous rend toujours plus forts individuellement comme collectivement. Mais ils posent aussi la question de la réponse adéquate à leur donner, pour éviter de stigmatiser des populations, d’intervenir dans le respect des individus et de leur diversité… Joli challenge !!

Phypa a chroniqué pour la bibliothèque volante des Vendredis intellos un nouvel ouvrage intitulé Qu’est-ce que l’adolescence ? aux éditions Sciences Humaines. Un véritable ouvrage de synthèse, écrit par un panel d’auteurs venus de tous les horizons, qui passe en revue l’adolescence selon une grande diversité d’angles et de points de vue, et qui ouvre vers de nombreuses autres lectures ! Ce qui semble particulièrement intéressant avec l’adolescence, c’est à la fois le changement très important qui arrive à l’enfant lui-même, que celui que son adolescence entraîne chez ses propres parents. Et là, le débat est vaste, car s’il est vrai que l’adolescence est le moment pour le jeune de s’ouvrir à d’autres cultures que celle de ses parents, et notamment à la culture de ses pairs, ne serait-il pas nécessaire d’équilibrer cette culture bouillonnante et insécure par un véritable guidage non pas parental mais adulte, permettant au jeune de s’appuyer sur des soutiens, des guides, pour grandir encore ? Le souci, sans doute, est que dans nos sociétés nous manquons nous-mêmes de cette « culture adulte » parce que nos familles se sont nucléarisées et que nos temps sociaux avec d’autres adultes se sont réduits comme peau de chagrin. Il faudrait un village pour éduquer chaque enfant ; une ville entière pour chaque ado…

Enfin, Apheia a commenté pour nous un article d’Actualitté qui reprend et vulgarise un article du Washington Post à propos de la lecture et des écrans, et qui pose donc la question : notre cerveau aime-t-il lire sur écran ? Très difficile pour moi de commenter ce sujet qui est au cœur de mes recherches quotidiennes et qui appelle tant de commentaires…

Laissons de côté l’article français pour nous intéresser uniquement à l’article anglais, sa source, pour commencer. Écrit par Michael S. Rosenwald, c’est une enquête journalistique qui revient sur un problème vieux comme le monde, ou presque : l’ergonomie de la lecture. Et de citer toujours un peu les mêmes « expériences » (au secours, docteur, je n’arrive plus à me concentrer sur mes lectures) et de s’en référer un peu toujours aux mêmes sources (Maryanne Wolf, Proust and the Squid: The Story and Science of the Reading Brain, 2007) [j’aurais dû vous mettre une note de bas de page pour augmenter la charge cognitive de votre lecture et vous obliger à prendre la décision de la lire, ou non] [à moins que je n’augmente aussi votre charge cognitive en vous faisant une phrase à rallonge pleine de tiroirs ? mmm ?] [et encore je suis sympa, je n’ai pas mis de lien] [ah si] [2007, la source ? On a bien dit 2007 ? Oui… 2007…], et (oui je reprends l’énumération, faut remonter un peu pour comprendre, mais ça serait pareil sur une feuille de papier, un rouleau de papyrus ou même une tablette d’argile, hein, vous inquiétez pas, ce n’est pas votre cerveau, c’est ma faute à moi) toujours un peu la même soupe, mélangeant, dans le désordre, notre cerveau, son incroyable plasticité, le papier (couché ou glacé) [non, ce n’es pas pareil], les écrans, Internet, les hyperliens, la surcharge cognitive, l’apprentissage de la lecture, les lectures écrémées ou suivies, le cerveau des enfants, l’attention, des études jamais sourcées [oh ce que ça m’énerve] [oui, ça a énervé Apheia également] et le danger de l’ensemble…

Apheia s’énerve moins que moi (et elle a bien raison) et va plus loin que ces deux articles relativement insipides en ajoutant à sa recherche un article de ScienceDirect intitulé Reading linear texts on paper versus computer screen: Effects on reading comprehension (oui, c’est payant) qui relate l’expérimentation d’une équipe norvégienne menée sur des élèves d’une quinzaine d’années. Le bilan tiré de l’expérience est cette fois très intéressant et je vous invite à lire la synthèse d’Apheia : entre problématiques de repérage, accès multimodal au texte et différences métacognitives, les raisons pour lesquelles les étudiants pourraient, en moyenne, être moins performants sur écran que sur papier, sont passionnantes. Et si nos « nouvelles » conditions de vie, dans un univers qui nous permet de puiser dans les écrans les sources de nos divertissements comme de nos connaissances, sont autant d’expériences modificatrices de notre propre plasticité cérébrale, alors il est probable qu’il est urgent de mettre en œuvre les conditions permettant aux jeunes générations d’apprendre et de comprendre aussi bien sur papier que sur écran. Non ?

 



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